Mon jardin à Ploemel, une spirale de poésie
Mon jardin en forme de vortex
Commencé en juin 2016, ce jardin que j’ai dessiné moi-même en forme de vortex et dédié aux plantes médicinales, aromatiques et potagères (avec certaines variétés anciennes ou oubliées), est consacré à Gaïa, notre Terre-Mère.
Dans son centre sont plantés, à l’intérieur d’une enclave sableuse, des cristaux de roche activés selon les demandes que l’on peut faire pour la Terre, la Nature et Soi-même.
Beaucoup d’étapes ont présidé à son élaboration, dont deux années d’engrais verts (moutarde, sarrasin et phacélie) pour améliorer la terre et lui permettre de se reposer après la construction de la maison.


Les insectes ont leur part de travail
Puis, des vivaces ont pris racine, des plantes aromatiques et potagères en rotation. Du broyage issu des déchets verts est systématiquement déposé sur les plates-bandes, dans la mesure du possible, pour protéger et permettre aux insectes et vers de faire leur travail. Il n’est jamais pareil, toujours en transformation, comme chacun de nous, et intrigue par sa beauté hiver comme été !
Le jardin, miroir de l’âme !
Pour moi, le jardin est le miroir de l’âme, il nous indique avec les saisons, le climat et les aléas du temps, que ce soit la météo ou les années qui passent, que nous sommes des êtres naturels assujettis nous aussi à la vie et à la mort. Naissance et décadence, contrôle et manipulations, laisser-aller et envahissement, tristesse et nostalgie, souvenirs d’enfances ou constructions mentales, la liste est longue des émotions, sentiments et ressentis que nous procurent la culture d’un jardin. Le ressourcement mais aussi la fatigue sont souvent au rendez-vous.


Ne jamais se décourager !
Nombres de fois je me suis laissée déborder par le découragement et même la rage mais aussi par le ravissement, voire l’extase lors des pics émotionnels que me procurait le jardin que j’avais en tête de façonner moi-même !
Car en réalité, qui façonne l’autre ?
Une année, j’ai compris que je devais « lâcher » et me laisser conduire par lui. Je disais « mon jardin est mon maître » et je le pense toujours. Mais quelle joie finalement de se faire prendre le cœur par tant de beauté, de surprises et de générosité … et parfois justement au moment où l’on s’y attend le moins.
L’aventure est loin d’être finie et tant que j’aurai la force je m’y consacrerai, car ce que j’y vois, ce que j’y trouve et ce que je partage c’est une très grande part de Qui je Suis juste à cet endroit précis qu’on appelle l’Ici et le Maintenant …
Le jardinier

C’est un homme simple. Pour rentrer dans son jardin, il met un vieux pantalon de toile, une chemise qui ne craint rien. Ses mains sont sèches et carrées. Son visage hâlé, ses cheveux libres. L’été il porte un chapeau. L’hiver sa chemise est en laine. Il avance d’un pas tranquille. Il n’est pas pressé.
Il a tout son temps. Il regarde, il ressent. Il le parcourt des yeux et le perçoit dans son ensemble. Dehors et dedans. Il l’accueille, il le prend dans son regard. C’est une vision totale qui l’atteint dans son cœur, comme un choc.
A chaque fois, son cœur tressaille pour son jardin et il le remercie et rend
grâce à Dieu de lui donner une telle joie. Joie de le contempler et de faire partie de lui.
Comme il s’avance dans le jardin, il comprend que chaque plante, chaque morceau de terre est vivant et chacun se relie aux autres par des fils invisibles, semblables aux fils de lumière que font les araignées sous les rayons du soir, dans l’herbe après la pluie.
Il capte des vibrations toutes différentes selon la nature interne de chaque chose, qui entre elles, chantent ensemble. Un bruissement organisé et balancé par le vent ondule dans l’air, en volutes. Tout est sexuel, sexué et même désirant. Dans l’air flottent les messages olfactifs de chaque parcelle de vie. Tout palpite, vibre, se déplie, se déploie et pousse, creuse ou s’élance, lutte inexorablement dans un même et bel élan. Tout se mélange, se divise, se transforme.
Il voit alors les bienfaits des rayons du soleil sur la chlorophylle, de l’eau abreuvant les racines, aspirée par les cellules. Il y a une connivence, une harmonie entre chacune de ces cellules. Et regardant ce spectacle, il sait à cet instant précis qu’il est solidaire de chaque être vivant.
Lorsqu’il s’approche encore il découvre qu’aucun des insectes, parasites, vers, oiseaux et rongeurs, aucune plante ne sont placés là par hasard. Il comprend que personne ne prend la place de personne car TOUT est à sa place, utile à la manifestation même de la vie et à la gloire de son Créateur.
L’intelligence ainsi manifestée, jubile, exulte et libère une énergie fabuleuse. Une joie. Et aussi un ordre. Mais un ordre sans hiérarchie véritable, un ordre qui nous lie les uns aux autres par un destin commun : celui de servir. Sans aucune autre destination que celle de servir la beauté et la bonté du monde.
Rose Fourcaut – Paris, 1995